Combien sont les personnes qui me disent en entretien : « Je connais un ami qui a fait un bilan et a été déçu ou bien j’ai effectué un bilan il y a plusieurs années et on m’a dit que je suis fait pour le métier de commercial. »
Il est donc intéressant de connaître et d’expliquer les raisons de la perception si négative de cet outil pourtant performant…
Tout d’abord, il se peut que ce retour d’expériences soit expliqué par la posture du consultant.
En effet, certains professionnels pensent qu’il est nécessaire de décider pour la personne et d’orienter cette dernière sur un projet professionnel.
Ainsi certains bénéficiaires ne se sentent pas acteurs de leur bilan professionnel mais subissent des décisions parfois contraires à leurs envies.
Alors qu’il s’agit, avant tout, d’une réflexion personnelle que doit avoir le bénéficiaire du bilan sur ses motivations professionnelles et personnelles.
Il se peut, également, qu’il s’agisse du souhait du bénéficiaire lui-même.
Ce dernier attend du consultant qu’il lui dessine son projet professionnel à partir des échanges réalisés.
Il voit en lui « le psychologue » qui saura luitrouver le poste qui lui convient.
Or la décision de choisir un métier ou une formation vous revient.
Le rôle du consultant est de vous guider au travers de son questionnement et de ses outils (fiches, tests, connaissance des métiers…) pour que vous puissiez organiser, structurer et affiner votre réflexion.
Le consultant en décidant pour l’avenir de la personne peut donc créer en elle une frustration ; cela est peut-être une première explication de l’image négative du bilan.
D’autre part la relation avec le consultant est importante.
C’est pourquoi dans certains cas lorsque les personnes se voient imposer un consultant, il se peut qu’elles ne se sentent pas à l’aise.
En effet, le feeling est indispensable pour faire le point sur ses compétences professionnelles et personnelles car la personne va devoir se confier dans une ambiance sereine.
Si le climat est froid, le bénéficiaire ne pourra pas vivre pleinement son bilan.
C’est dans ce sens qu’une personne que j’avais rencontrée m’avait confié ces mots : « Le contact ne passait pas du tout avec la personne avec qui je l’ai fait, je n’ai pas osé en parler car elle se braquait facilement et n’aurait pas supporté une quelconque critique même constructive. Je n ‘ai pas voulu abandonner car je suis du genre à m’accrocher mais elle a remarqué qu’il y avait un malaise ; je me suis vite braquée car elle me jugeait beaucoup »
C’est souvent le cas lorsque ces bilans sont pris en charge par des sous-traitants de Pôle emploi, car leur principal objectif est de recaser le plus vite possible les chômeurs en fonction des jobs disponibles.
Il est donc indispensable à la bonne réalisation du bilan de pouvoir choisir la personne qui va vous accompagner.
Si vous avez l’opportunité de sélectionner vous-même le centre de bilans de compétences, pensez à rencontrer plusieurs consultants avant de vous décider.
Un autre élément qui pourrait nous expliquer le sentiment mitigé voire négatif de certaines personnes concerne la prestation de Pôle emploi.
En effet beaucoup sont ceux qui me disent : « j’ai réalisé un bilan via Pôle Emploi, je n’ai pas été satisfait… »
Il me semble donc important d’apporter quelques précisions sur ce point précis.
Pôle emploi a conçu une prestation dédiée aux demandeurs d’emploi : le Bilan de Compétences Approfondi (BCA). Cette prestation vous permet de faire le point sur votre parcours professionnel (compétences et expériences) et d’envisager des nouvelles pistes d’orientation en cohérence avec le marché du travail.
Le bilan dure seulement 24 heures réparties sur six semaines.
Il se compose de trois phases :
- l’investigation
- l’adéquation de vos pistes professionnelles avec le marché du travail
- la formalisation de votre projet professionnel
Compte tenu du nombre de chômeurs et de certains postes en pénurie, il est vrai que la plupart des projets professionnels à l’issue des bilans réalisés sont plus en adéquation avec le marché du travail que les profils des bénéficiaires ce qui crée une véritable frustration.
Une autre critique qui m’a pu être faite est la méthodologie des bilans réalisés par certains cabinets privés.
En effet, certains cabinets admettent faire un nombre important de bilans à des fins financières.
Selon eux, le niveau de prise en charge des Opco est faible comparé au coût de revient du bilan.(temps consacré à la synthèse, passation des tests…)
C’est pourquoi certains professionnels écourtent les entretiens individuels au profit des réunions de groupe.
Heureusement, le bilan de compétences, suivi chaque année par des milliers de personnes, ne se résume pas à ces prestations express.
En effet, des centres de bilans « sérieux » et « à l’écoute des attentes des bénéficiaires », existent et proposent une procédure très rigoureuse et très professionnelle du bilan de compétences.
En témoignent notamment les évaluations réalisées par les personnes à l’issuedu bilan.
Rappelons donc pour finir que le bilan de compétences doit répondre à des règles strictes :
- durer vingt-quatre heures (réparties sur plusieurs semaines) et suivre une méthodologie rigoureuse
- faire le point sur le parcours, les compétences et les motivations du salarié, définir un projet professionnel en alternant entretiens, travail à domicile et tests psychologiques, dresser un plan d’action…
Il est donc essentiel de bien choisir son consultant et son centre de bilan pour pouvoir optimiser ses chances de réussite car je suis convaincue que le bilan de compétences est un outil efficace pour accompagner le changement.
A mon sens il est important de ne pas confondre l’outil et l’humain pour juger de la pertinence du bilan de compétences…